À Valenciennes, le nouveau programme MCM+ remet sur la voie de l’insertion socio professionnelle des jeunes en errance.
Il pleut sans discontinuer ce 7 avril 2022 et la température ne dépasse pas les 10 degrés.
Pas vraiment une météo à faire travailler à l’extérieur un jeune en rupture scolaire ou professionnelle. Pourtant ce jour-là, six d’entre eux ne ménagent pas leurs efforts pour nettoyer la chèvrerie de la commune de Wargnies-Le-Petit (Nord). Ils en repartiront avec la satisfaction d’avoir su travailler collectivement et la fierté d’une action utile et bien menée. Tous sont accompagnés par l’équipe de la Maison Claire Morandat (MCM). Cet établissement valenciennois de SOS Villages d’Enfants est entièrement dédié à l’accompagnement de jeunes entre 16 et 21 ans en difficulté, majoritairement accueillis alors que leurs parcours ne les ont pas fait vivre en villages SOS. « Malgré notre soutien, celui des enseignants, de la mission locale… certains connaissent d’immenses difficultés, explique Pauline Tonneau, éducatrice spécialisée. Ils sont en échec scolaire, se font exclure de leurs emplois ou stages professionnels, vivent la nuit, sont victimes d’addictions au cannabis… »
Ils savent qu’ils devront bientôt quitter les dispositifs de l’Aide Sociale à l’Enfance et leur comportement est à la foi un déni de cette échéance et une manière de montrer qu’ils ne sont pas encore prêts à l’indépendance.
C’est pour eux qu’a été lancé en mars 2022, le dispositif MCM+ qu’orchestre Pauline Tonneau et son collègue, Amaury Lhermitte. Pendant dix semaines, six jeunes bénéficient d’un accompagnement renforcé à la fois collectif et individuel. Les activités collectives sont très diversifiées : nettoyage de chèvrerie donc, mais aussi escalade, créations artisanales, bricolage, randonnée, rénovation de vélos, fabrication de produits ménagers… Les temps individuels sont l’occasion d’avancer sur le projet professionnel de chaque jeune, de l’aider à résoudre des tâches administratives, d’aménager son logement, de l’aider à réviser le Code de la route… Ce programme est financé par les donateurs de SOS Villages d’Enfants et, pour sa première année, a bénéficié du soutien d’un collectif de fondations nordistes dans le cadre d’un appel à projets. « Pour MCM+ nous avons noué des partenariats nouveaux avec des acteurs qui nous permettent de travailler spécifiquement sur les aptitudes d’insertion sociale et professionnelle de nos jeunes », ajoute Pauline Tonneau. L’éducatrice cite La maison du vélo (un atelier de réparation et recyclage), La Boîte Atouts (association qui revalorise des déchets), le Valenciennes Université Club d’escalade, le Musée Matisse, le Conseil sur les Habitudes Alimentaires et les Addictions, etc.
S’ils intègrent toujours le dispositif avec réticence, les jeunes s’y révèlent vite sous un jour différent de l’image qu’ils cultivent au quotidien. « Ils sont à l’heure le matin, courageux, solidaires et se découvrent des compétences. Ils reprennent confiance en eux et cela les remotive, se réjouit l’éducatrice spécialisée. Qu’il s’agisse de faire un contrat d’apprentissage, de trouver un emploi, de reprendre une formation, de passer son permis, de faire un stage… tous franchissent une étape, soit avant même la fin du programme soit dans les semaines qui suivent. MCM+, ça marche ! »