Orphelin à 13 ans, Nathan a trouvé au village d’enfants SOS le cocon qui lui a permis de s’épanouir.
« C’était un soir de l’été 2019 », se souvient Nathan. Ses petites sœurs, qui n’avaient pas encore 9 ans, et lui, leur grand frère de presque 14 ans, étaient arrivés peu de temps avant au village d’enfants SOS. « Mes sœurs avaient un gros coup de blues, raconte le jeune homme. La directrice du village l’avait appris. Elle avait sonné chez nous et nous avait invités à la rejoindre. »
Un peu étonnés, les enfants avaient alors embarqué à ses côtés pour quelques petits kilomètres en voiture. La directrice avait garé son véhicule à l’orée d’un champ. « Nous sommes sortis et avons regardé les étoiles briller… tout simplement, poursuit Nathan. Nous avons discuté, bien sûr, mais c’est surtout la magie du moment que j’ai gardée en tête. Bien plus que ce que je pourrais raconter de mon quotidien, c’est, pour moi, ce qui caractérise le mieux SOS Villages d’Enfants. Les éducatrices familiales (nos mères SOS), les encadrants, la psychologue… tous ces gens-là font, bien entendu, leur travail, leur métier. Mais ils ne font pas que ça. Ils sont vraiment là pour nous. Ils créent des liens sincères, remplis d’attention, de bienveillance, d’humanité. »
« VOILA, ICI, C’EST CHEZ VOUS »
Nathan et ses sœurs se sont retrouvés orphelins après le décès de leurs parents, disparus tous deux d’un cancer à quelques années d’intervalle. Les enfants ont d’abord vécu en famille d’accueil, auprès d’une personne « très nocive », précise Nathan, avant de partir rejoindre un foyer stable et protecteur chez SOS Villages d’Enfants. « On nous a dit : « Voilà, ici, c’est chez vous. Voici vos chambres. » Pour mes sœurs et moi, c’était un vrai soulagement. » Nathan assure que tous les trois ont très bien vécu cette arrivée dans un cadre de vie tout neuf, puisque le village venait d’ouvrir ses portes. Il reconnaît cependant qu’il était alors un enfant très renfermé sur lui-même. Marqué par la perte de ses parents, il avait beaucoup manqué l’école les deux années précédentes. Ayant peu de relations sociales ou amicales, il se réfugiait dans ses jeux vidéo. Les trois enfants ont toujours gardé des liens affectifs avec les membres de leur famille et ce n’est pas tant l’affection qui manquait à Nathan. « À cette époque-là, j’avais surtout besoin d’écoute, de repères, de quelqu’un qui soit le plus présent possible pour moi et joignable quand il s’absentait. J’ai eu tout cela au village. » Ils l’ont trouvé auprès de Jeanne*, leur mère SOS.
Âgé aujourd’hui de 18 ans, Nathan est un jeune homme d’une grande maturité. Étudiant en prépa littéraire à Bordeaux, il ne sait pas encore avec certitude vers quelle profession il se dirigera. « Enseignant, chercheur, journaliste… ? J’aime apprendre, et faire une prépa me laisse le temps de peaufiner mon orientation. » Ainsi, malgré les mois d’école manqués, Nathan a vite rattrapé son retard et sa scolarité a été facile. « Dès la fin de la troisième et pendant toutes mes années « lycée », j’adorais aller en cours et je me suis fait des amis incroyables. » Fils de professeurs, dans une famille où tout le monde a fait de longues études, il dit « baigner dans cet univers-là » depuis toujours. Jeanne, elle-même ancienne enseignante, l’a encouragé dans la voie des études supérieures. « J’ai beaucoup de plaisir à échanger avec elle sur des sujets d’actualité, de confronter nos points de vue… pas toujours similaires, précise-t-il avec le sourire. Je lui dois une part de ma curiosité, mais elle m’a surtout poussé à être moi-même, sans chercher la validation de mes choix dans le regard des autres. »
FAIRE FAMILLE
Nathan a désormais son propre appartement étudiant, mais a gardé sa chambre au village, où il passe des week-ends et ses vacances. « Je m’y sens plus chez moi que dans mon logement du Crous. » Ses liens avec le village SOS restent forts. D’ailleurs, pendant les congés d’octobre dernier se déroulait le VESOS CIDE (voir l’Actu page 2), une journée d’activités et de compétitions sportives organisée chaque année au sein des villages SOS afin de célébrer la journée internationale des droits de l’enfant. Nathan y a pris part, non plus comme participant cette fois, mais en tant qu’encadrant. « C’était une sorte de jeu de piste qui amenait les enfants d’une activité à une autre. J’étais chargé de l’atelier « danse » où nous leur proposions de s’essayer au Madison. Cela a été un super moment. »
S’il n’a jamais vu sa mère SOS comme une maman de « substitution », il la considère néanmoins comme quelqu’un de sa famille. « Je connais son ex-mari, certains de ses enfants, elle m’a invité chez elle, une maison en ville dont elle m’a déjà laissé les clefs lorsque j’ai eu besoin d’un endroit où me poser avec des amis. Et depuis que j’ai le permis, Jeanne me prête parfois sa voiture… » Nathan n’exclut pas d’avoir un jour des enfants et sait que cela serait une joie pour Jeanne. « Elle deviendrait alors une sorte de grand-mère de cœur. Je crois qu’elle serait fière », prédit le jeune homme.
*Par souci de confidentialité, certains prénoms ont été changés