« Je suis fière de mon métier, fière de pouvoir aider ma famille » - SOS Villages d'Enfants

« Je suis fière de mon métier, fière de pouvoir aider ma famille »

À 22 ans, Chantal vit dans un village du Burkina Faso et soutient sa famille, grâce à l’appui de SOS Villages d’Enfants. 

 

Chantal Kabre a 22 ans. Elle vit à Songdin, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.  

 

Célibataire, sans enfant, Chantal vit avec sa mère qui, explique-t-elle, « vend des chaussures et des sacs à main ». Son père est décédé en 2018, victime d’un paludisme qui n’a pas été soigné à temps. « Nous l’avons amené à l’hôpital, mais il est malheureusement décédé deux jours plus tard, déplore la jeune femme. Dans mon village, il n’y a pas d’eau courante ni d’électricité partout. Il n’y a pas non plus de centre de soin, pas de pharmacie ; il nous faut parcourir de 5 à 10 kilomètres pour voir un médecin ou acheter des médicaments. » Mais, ajoute la jeune femme, Songdin compte néanmoins deux écoles publiques, presque un « trésor » dans un pays encore marqué par un faible taux d’alphabétisation. 

 

Chantal partage son quotidien avec sa sœur Mariam, âgée de 17 ans, et son frère Moïse, 14 ans. « Nous nous entendons bien, assure-t-elle. Nous nous amusons bien sûr, mais nous faisons aussi les travaux ménagers ensemble. » La famille compte encore deux autres sœurs, Rosalie, 28 ans, et Nathalie, 25 ans, mariées, qui ne vivent plus à la maison. Bien qu’elle ait 17 ans, Mariam n’est qu’en classe de 3e et Moïse, lui, est en CM2. Quand l’argent manque, il est difficile de suivre une scolarité. D’ailleurs, après avoir obtenu son BEPC, Chantal a dû cesser d’aller à l’école, sa mère n’ayant pas les moyens de payer ses frais de scolarité.  

  

Soutenir sa famille et, demain, aider d’autres jeunes

 

Malgré son jeune âge, Chantal a développé une ingéniosité et un esprit d’initiative afin de venir en aide à sa communauté. Cela fait déjà deux ans qu’elle s’est lancée dans la profession avicole. « Mon travail consiste à élever des poussins qui, une fois devenus adultes, sont vendus à celles et ceux qui font de la restauration ou vendent des poulets braisés. » 

 

Ce métier, elle n’aurait jamais pu le commencer sans l’aide de SOS Villages d’Enfants. L’association a intégré Chantal dans son programme ARPEJ, acronyme d’Approche régionale pour la protection de l’enfance et de la jeunesse. Lancé en 2021, ce programme, mené par SOS Villages d’Enfants France et soutenu par l’Agence française de développement, vise à renforcer les familles, les communautés et les professionnels de la protection de l’enfance au Togo, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. 

 

Ainsi, SOS Villages d’Enfants aide les familles à lancer de nouvelles activités professionnelles, finance la scolarisation des enfants, offre des formations aux professionnels du secteur… Dans ces trois pays, ce sont plus de 5 000 enfants en situation de vulnérabilité qui bénéficient d’une protection durable de leurs droits, que ce soit l’accès à l’éducation, à la santé ou encore la prévention de maltraitances et d’exploitation. 

 

Pour Chantal, ARPEJ a pris en charge le coût de la formation au métier d’éleveuse. « J’ai suivi un mois de formation au sein de l’école spécialisée Mira Élevage à Karpala, un quartier de Ouagadougou, raconte-t-elle. C’était un peu difficile pour moi, car mon niveau scolaire ne me permet pas toujours de comprendre tout rapidement, mais le plus compliqué, c’était de me déplacer. Je devais à chaque fois demander qu’on me prête une mobylette… » 

 

Toujours dans le cadre du programme ARPEJ, Chantal a reçu de quoi construire un poulailler et des produits sanitaires… De quoi se lancer dans son commerce sans dette. Aujourd’hui, elle a toujours un référent au sein de SOS Villages d’Enfants, qui l’aide à gérer son activité. 

 

Chantal aime son métier qui, dit-elle, la rend fière. « Et avec l’argent que je gagne, j’aide ma mère à payer les frais de scolarité de mon frère et de ma sœur. Autrefois, nous ne pouvions faire qu’un repas par jour, maintenant, c’est trois ! Et nous avons même pu construire une nouvelle petite maison de dix tôles (NDLR : au Burkina Faso, la superficie d’une construction se mesure en « tôle », en référence au nombre de tôles nécessaires pour couvrir le toit. Chaque tôle fait généralement 2m2) ». C’est une stabilisation durable qui se met en place. Chantal est croyante, elle aime lire la Bible et écouter « les musiques de l’église », comme elle les appelle. Elle sait aussi que ses proches prient pour qu’elle réalise ses rêves. Car, oui, aujourd’hui, la jeune femme ose s’imaginer un futur. « Je rêve d’avoir une grande ferme, hors du domicile familial, et de devenir capable de former d’autres jeunes à mon tour. » SOS Villages d’Enfants saura l’accompagner dans cette belle trajectoire de vie.