Yonie, un jeune mécanicien sur de « bons rails » - SOS Villages d'Enfants

Yonie, un jeune mécanicien sur de « bons rails »

Éloigné de sa famille à lâge de 5 ans, Yonie est aujourdhui un jeune homme confiant en sa capacité à construire une vie heureuse. 

 

Si vous étiez à Paris pendant les Jeux olympiques, peut-être avez-vous emprunté une «  capsule » d’Urbanloop. Ces petits véhicules pilotés par intelligence artificielle ont transporté des usagers du site olympique de Saint-Quentin-en-Yvelines. Plusieurs d’entre eux ont été montés, entretenus et réparés par Yonie, qui a grandi au village d’enfants de Jarville, en Meurthe-et-Moselle. 

 

Ce qui est peut-être l’avenir de nos déplacements urbains est donc le présent de ce jeune homme de 21  ans, embauché comme mécanicien par l’entreprise nancéienne en décembre 2023. « Ce travail me plaît beaucoup, je pense rester dans ce secteur, explique-t-il. Je vis dans mon propre F2, à 15 minutes à vélo du village d’enfants SOS, mais j’espère pouvoir m’installer dans le Sud, pourquoi pas à Toulouse, une ville que j’apprécie beaucoup. » 

 

Dans la liste des projets à long terme du jeune homme, il y a aussi celui de devenir un jour père de famille. «  J’y pense depuis mes 14 ou 15 ans. J’aimerais avoir deux enfants, idéalement un garçon et une fille, et leur montrer qu’on peut grandir avec des parents attentifs et aimants. » 

 

Une vie de famille qu’il n’a pas connue, puisque Yonie a été placé à 5 ans, avec son petit frère de 3 ans, dans un foyer de Lunéville. L’histoire familiale de Yonie est compliquée et un peu nébuleuse. « Je n’ai jamais voulu consulter mon dossier, confie le jeune homme. Je ne pense pas avoir subi de maltraitances, mais ma mère, alcoolique, était parfois violente avec mon père.  » Un jour, des membres de l’aide sociale à l’enfance sont donc venus chercher Yonie à la sortie de l’école, afin de l’éloigner de ses parents et de le mettre en sécurité. Mais certaines questions restent sans réponse, comme ce que sont devenues les deux demi-sœurs plus âgées avec lesquelles il vivait. « Je n’ai aucun souvenir de ma vie avec mes parents et j’en ai très peu de ma vie avant mon arrivée au village de Jarville. Je sais, par contre, que je détestais l’ambiance du foyer, cette collectivité d’une cinquantaine d’enfants où j’ai vécu avant d’être au village SOS, et la chambre que je devais partager avec cinq autres enfants. » 

 

« Comme si des gens de la famille nous attendaient » 

 

Deux ans après son placement, Yonie a rejoint le village d’enfants SOS. « C’était un tel soulagement ! Vraiment de la joie pure. Avoir une chambre à partager avec mon petit frère, quel bonheur ! Mais plus que les murs, le repas, le jardin… ce qui comptait vraiment, c’était les deux accueillantes qui nous ont ouvert leurs bras : Hannah et Gisèle*. C’était comme si des gens de la famille nous attendaient. » 

 

Yonie ne s’en cache pas, ce dont il avait alors le plus besoin, c’était d’amour. Une affection qu’il va surtout trouver auprès de Bénédicte, l’éducatrice familiale qui a remplacé Hannah, quelques mois après son arrivée au village. « Je savais qu’elle n’était pas ma mère, il n’y a jamais eu de confusion chez moi. Mais elle faisait tout comme si elle l’était. C’est à elle que je dois les grands principes qui guident encore ma vie, comme ne jamais faire à un autre ce qu’on n’aimerait pas que l’on nous fasse. » 

 

L’ensemble des membres de l’équipe du village l’a également beaucoup épaulé dans ses études. Car le jeune homme souffre de dyslexie et de dysorthographie, qui ont nécessité un suivi régulier par l’éducatrice scolaire de la maison commune du village et celui d’un assistant de vie scolaire pour certains cours de français. Après avoir obtenu son bac professionnel en carrosserie, Yonie a enchaîné les petits boulots (serveur, agent d’entretien en piscine, vendeur en prêt-à-porter…) avant de trouver son actuel poste, cette fois en CDI. 

 

Toutes des cartes en main

 

Au village d’enfants, Yonie a toujours été très sociable – « et bavard  », ajoute-t-il en souriant –, ce qui lui a valu d’être élu à l’espace national de consultation des jeunes. Cette instance regroupe des représentants de chaque village, qui deviennent les porte-parole, auprès de l’équipe de direction de l’association, de tous les enfants accueillis par SOS Villages d’Enfants France. « Cela a été une expérience extraordinaire, qui m’a aidé à prendre encore plus confiance en moi, et m’a même donné l’occasion d’aller à l’Unesco et à l’Élysée », s’enthousiasme Yonie. Il garde aussi de très bons souvenirs de ses participations au PEPS (programme d’épanouissement par le sport) et au VESOS Trophy, deux dispositifs d’activités toujours sportives intervillages organisés chaque année. Et s’il est depuis toujours fragilisé par une cardiopathie, il continue à pratiquer certaines activités, notamment la randonnée et le vélo, encouragé par sa petite amie qui adore aussi le sport. 

 

Ce jeune homme au tempérament chaleureux voit toujours la vie du bon côté. « SOS Villages d’Enfants m’a donné toutes les cartes en main. J’ai été mis sur les bons rails, ainsi que ma situation actuelle le montre. À moi de continuer à réussir ma vie. »