A l’occasion de la journée des filles, SOS Villages d’Enfants donne un coup de projecteur au programme Tantie Bagage, qui lutte contre le travail par l’exploitation des filles en Côte d’Ivoire.
La problématique du travail des filles en Côte d’Ivoire
En Côte d’Ivoire et malgré les progrès réalisés en matière d’éducation, les jeunes filles continuent de faire face à de nombreux obstacles pour accéder à des opportunités égales à leurs pairs. Des facteurs tels que la pauvreté, les préjugés de genre, et les responsabilités domestiques pèsent souvent sur leur accès à l’éducation.
De nombreuses jeunes filles issues de familles précaires doivent quitter l’école dès le plus jeune âge, parfois dès 6 ans, pour contribuer aux dépenses du ménage en travaillant. Une des activités les plus courantes est celui de « Tantie Bagage ». Ces jeunes filles sont obligées d’errer dans les marchés en soulevant de lourdes charges au détriment de leur santé, pour se nourrir et nourrir leurs familles.
Bien souvent, ces dernières sont issues de familles vulnérables. Comme tous les enfants en situation de travail, elles sont exposées à des risques psychologiques, physiques et sanitaires. Elles peuvent travailler jusqu’à 13 heures par jour pour gagner l’équivalent de 2 à 5 euros. Généralement, elles ne vont pas à l’école ou abandonnent leurs études, ce qui rend leur situation encore plus vulnérable car elles peinent ensuite à accéder au marché du travail à l’âge adulte.
Un projet innovant et ambitieux
En 2017, SOS Villages d’Enfants a lancé à Yamoussoukro le programme Tantie Bagage pour aider ces jeunes filles à retrouver le chemin de l’école ou de la formation professionnelle. Le projet a ensuite été étendu à Abobo Gare (quartier de Abidjan) et Aboisso.
Depuis le lancement du projet, SOS Villages d’Enfants permet à ces jeunes filles d’emprunter une autre voie, en leur offrant une alternative au travail et en soutenant leur rescolarisation ou leur formation. L’association sensibilise également les parents aux dangers du travail des enfants et à l’importance de protéger leurs droits fondamentaux. Des formations professionnelles qualifiantes leur sont proposées pour améliorer leurs revenus et éviter que leurs enfants ne soient obligés de travailler.
SOS Villages d’Enfants travaille avec les communautés et les systèmes régionaux et nationaux de protection des enfants pour lutter de manière efficace et systémique contre l’exploitation par le travail des enfants.
Découvrez l’histoire de Grace, une jeune fille soutenue par le projet :
Grace a 13 ans et a un sourire effronté et des yeux profonds, qui semblent avoir vu beaucoup plus que ce que l’on peut attendre d’une enfant.
Sa mère vendait des légumes sur le marché et travaillait parfois comme couturière. Lorsque son mari a perdu son emploi, elle était seule à subvenir aux besoins de ses sept enfants. Grace n’avait alors que 9 ans lorsqu’elle a commencé à travailler comme Tantie Bagage pour aider ses parents. Travailler au marché était très fatigant et elle était souvent malade « Certains clients étaient gentils, d’autres pas. Une fois, j’ai dû porter des charges très lourdes et j’ai eu très mal au cou par la suite », raconte-elle.
SOS Villages d’Enfants a pris contact avec sa mère : « SOS m’a appelée et j’ai parlé à Grace de ce qu’ils pouvaient faire pour elle et pour nous si elle arrêtait de travailler comme Tantie Bagage. Grace a dit oui sans aucune hésitation », se souvient la mère de Grace.
Chaque fois qu’elle n’avait pas école, Grace travaillait au marché, le samedi et le dimanche aussi. « C’était difficile de me concentrer sur l’école quand je faisais Tantie Bagage », dit-elle, « J’ai de meilleures notes maintenant, car je suis moins fatiguée et quand l’école est terminée, j’ai le temps de faire mes devoirs et de me reposer. »
SOS Villages d’Enfants a offert à Grace et à sa sœur une tablette où elles peuvent désormais suivre des cours en ligne. Leur famille a commencé à régulièrement recevoir des produits alimentaires, comme du riz, de l’huile, des tomates et des pâtes. Dans quelques semaines, la mère de Grace deviendra officiellement bénéficiaire du soutien financier de l’association pour lancer sa propre activité génératrice de revenus. Cela l’aidera à devenir financièrement indépendante.
Maintenant qu’elle est de retour à l’école, si vous demandez à Grace quels sont ses projets pour l’avenir, elle répondra qu’elle veut devenir actrice et que si cela ne marche pas elle sera ophtalmologue car elle a elle-même des problèmes de vue.
Un grand merci à nos partenaires la Fondation Raja-Danièle Marcovici et Quadient SA pour leur soutien accordé à ce projet !