Article - SOS Villages d'Enfants

La Fondation Saint Gobain devient partenaire

 

La Fondation Saint Gobain s’engage aux côtés de SOS Villages d’Enfants pour soutenir le financement de la construction du village d’enfants SOS de Sarzeau.

 

La Fondation Saint Gobain est un acteur majeur du mécénat qui soutient l’habitat social et durable et l’insertion professionnelle. A ce titre, et grâce au soutien d’une marraine collaboratrice de l’entreprise Point P, la Fondation soutiendra la construction d’un nouveau village d’enfants SOS à Sarzeau dans le Golfe du Morbihan.

 

Il s’agit d’un mécénat financier important et essentiel pour l’association. En effet, la construction de plusieurs nouveaux villages SOS constitue un investissement financier très important et le soutien de mécènes et donateurs participe activement à la réussite de ce projet d’envergure !

 

 

Le village SOS de Sarzeau

 

Le village d’enfants SOS de Sarzeau ouvrira ses portes l’été prochain. Il permettra d’accueillir 33 enfants au sein de 7 maisons familiales. La pose de la première pierre a été célébrée le 9 septembre dernier.

 

La confiance de la Fondation Saint Gobain témoigne de la qualité du projet architectural qui a été conçu pour réduire au maximum l’impact carbone de ses nouvelles constructions. A titre d’exemple, toutes les maisons seront équipées de pompe à chaleur et l’isolation sera permise grâce à l’utilisation de matériaux bio-sourcés : paille pour la maison commune et laine de bois pour les toitures des maisons familiales.

 

Un grand merci à la Fondation Saint Gobain pour son soutien.

La fondation Bel organise son arbre de Noël

Depuis plus de dix ans, la Fondation Bel et les collaborateurs du Groupe Bel s’engagent aux côtés de SOS Villages d’Enfants pour faire vivre l’esprit de Noël auprès des enfants accueillis.

 

L’arbre de Noël solidaire est une tradition chère à l’ensemble des collaborateurs du groupe Bel qui permet de faire vivre l’esprit solidaire des fêtes de fin d’année.

 

Cette année, l’arbre de Noël a eu lieu du 19 au 22 novembre. Les collaborateurs étaient invités à décrocher sur un sapin une « lettre au père Noël » : chaque enveloppe contient les noms des enfants accueillis dans une maison et le cadeau qu’ils ont choisi. L’ensemble des présents sont envoyés aux villages SOS à temps pour être offert le jour de la fête de Noël du village.

 

En amont de l’évènement, l’équipe de la Fondation Bel élabore un catalogue de Noël proposé à chaque village SOS. Les mères et pères SOS peuvent ainsi choisir le cadeau qui plaira le plus aux enfants de la maison.  Cette année, 235 cadeaux ont ainsi été offerts grâce à la générosité des collaborateurs ;

 

 

Un grand merci à eux et à la Fondation BEL pour cette formidable organisation.

 

Des moments de magie et de partage avec DHL Express France

Le 13 octobre dernier, DHL Express France a organisé pour la première fois son Kids Day et a choisi SOS Villages d’Enfants comme association bénéficiaire.  Cette initiative menée par le Groupe DHL depuis 10 ans dans toute l’Europe, offre à des enfants vulnérables une journée remplie de joie, de plaisir et de sourires dans un parc d’attractions, accompagnés par des collaborateurs du leader mondial de la logistique. 

 

Sortie à la Mer de Sable 

 

Pour cette première édition française, 28 enfants accueillis dans les villages d’enfants SOS situés en IledeFrance, ont eu la chance de profiter des différentes attractions de la Mer de Sable, qui s’était parée de décors d’Halloween pour l’occasion. 7 volontaires / collaborateurs DHL express avaient pris part à cette belle journée.  

 

 

 

La magie du Cirque du Soleil 

 

Quelques semaines plus tard, c’est une nouvelle expérience des plus magiques que DHL Express France a offert à un autre groupe d’enfants accueillis par notre association : assister au spectacle du Cirque du Soleil à l’Accor Arena de Bercy à Paris ! 

 

En amont du spectacle, les enfants et leurs accompagnateurs ont été invités dans la loge de notre partenaire DHL Express France pour un moment de rencontre et de partage autour d’un goûter.  

 

Il fut ensuite temps de prendre place en salle et de se laisser emporter par l’univers féérique de la troupe du Cirque de Soleil. 2h d’un show époustouflant alliant prouesses acrobatiques, comédie et musique live, sous les yeux émerveillés des enfants.  

 

Un véritable moment suspendu qui a happé petits et grands. 

 

 

Un grand merci à notre partenaire DHL Express France pour ses deux événements exceptionnels et pour l’engagement de leurs collaborateurs à nos côtés ! 

 

 

Yonie, un jeune mécanicien sur de « bons rails »

Éloigné de sa famille à lâge de 5 ans, Yonie est aujourdhui un jeune homme confiant en sa capacité à construire une vie heureuse. 

 

Si vous étiez à Paris pendant les Jeux olympiques, peut-être avez-vous emprunté une «  capsule » d’Urbanloop. Ces petits véhicules pilotés par intelligence artificielle ont transporté des usagers du site olympique de Saint-Quentin-en-Yvelines. Plusieurs d’entre eux ont été montés, entretenus et réparés par Yonie, qui a grandi au village d’enfants de Jarville, en Meurthe-et-Moselle. 

 

Ce qui est peut-être l’avenir de nos déplacements urbains est donc le présent de ce jeune homme de 21  ans, embauché comme mécanicien par l’entreprise nancéienne en décembre 2023. « Ce travail me plaît beaucoup, je pense rester dans ce secteur, explique-t-il. Je vis dans mon propre F2, à 15 minutes à vélo du village d’enfants SOS, mais j’espère pouvoir m’installer dans le Sud, pourquoi pas à Toulouse, une ville que j’apprécie beaucoup. » 

 

Dans la liste des projets à long terme du jeune homme, il y a aussi celui de devenir un jour père de famille. «  J’y pense depuis mes 14 ou 15 ans. J’aimerais avoir deux enfants, idéalement un garçon et une fille, et leur montrer qu’on peut grandir avec des parents attentifs et aimants. » 

 

Une vie de famille qu’il n’a pas connue, puisque Yonie a été placé à 5 ans, avec son petit frère de 3 ans, dans un foyer de Lunéville. L’histoire familiale de Yonie est compliquée et un peu nébuleuse. « Je n’ai jamais voulu consulter mon dossier, confie le jeune homme. Je ne pense pas avoir subi de maltraitances, mais ma mère, alcoolique, était parfois violente avec mon père.  » Un jour, des membres de l’aide sociale à l’enfance sont donc venus chercher Yonie à la sortie de l’école, afin de l’éloigner de ses parents et de le mettre en sécurité. Mais certaines questions restent sans réponse, comme ce que sont devenues les deux demi-sœurs plus âgées avec lesquelles il vivait. « Je n’ai aucun souvenir de ma vie avec mes parents et j’en ai très peu de ma vie avant mon arrivée au village de Jarville. Je sais, par contre, que je détestais l’ambiance du foyer, cette collectivité d’une cinquantaine d’enfants où j’ai vécu avant d’être au village SOS, et la chambre que je devais partager avec cinq autres enfants. » 

 

« Comme si des gens de la famille nous attendaient » 

 

Deux ans après son placement, Yonie a rejoint le village d’enfants SOS. « C’était un tel soulagement ! Vraiment de la joie pure. Avoir une chambre à partager avec mon petit frère, quel bonheur ! Mais plus que les murs, le repas, le jardin… ce qui comptait vraiment, c’était les deux accueillantes qui nous ont ouvert leurs bras : Hannah et Gisèle*. C’était comme si des gens de la famille nous attendaient. » 

 

Yonie ne s’en cache pas, ce dont il avait alors le plus besoin, c’était d’amour. Une affection qu’il va surtout trouver auprès de Bénédicte, l’éducatrice familiale qui a remplacé Hannah, quelques mois après son arrivée au village. « Je savais qu’elle n’était pas ma mère, il n’y a jamais eu de confusion chez moi. Mais elle faisait tout comme si elle l’était. C’est à elle que je dois les grands principes qui guident encore ma vie, comme ne jamais faire à un autre ce qu’on n’aimerait pas que l’on nous fasse. » 

 

L’ensemble des membres de l’équipe du village l’a également beaucoup épaulé dans ses études. Car le jeune homme souffre de dyslexie et de dysorthographie, qui ont nécessité un suivi régulier par l’éducatrice scolaire de la maison commune du village et celui d’un assistant de vie scolaire pour certains cours de français. Après avoir obtenu son bac professionnel en carrosserie, Yonie a enchaîné les petits boulots (serveur, agent d’entretien en piscine, vendeur en prêt-à-porter…) avant de trouver son actuel poste, cette fois en CDI. 

 

Toutes des cartes en main

 

Au village d’enfants, Yonie a toujours été très sociable – « et bavard  », ajoute-t-il en souriant –, ce qui lui a valu d’être élu à l’espace national de consultation des jeunes. Cette instance regroupe des représentants de chaque village, qui deviennent les porte-parole, auprès de l’équipe de direction de l’association, de tous les enfants accueillis par SOS Villages d’Enfants France. « Cela a été une expérience extraordinaire, qui m’a aidé à prendre encore plus confiance en moi, et m’a même donné l’occasion d’aller à l’Unesco et à l’Élysée », s’enthousiasme Yonie. Il garde aussi de très bons souvenirs de ses participations au PEPS (programme d’épanouissement par le sport) et au VESOS Trophy, deux dispositifs d’activités toujours sportives intervillages organisés chaque année. Et s’il est depuis toujours fragilisé par une cardiopathie, il continue à pratiquer certaines activités, notamment la randonnée et le vélo, encouragé par sa petite amie qui adore aussi le sport. 

 

Ce jeune homme au tempérament chaleureux voit toujours la vie du bon côté. « SOS Villages d’Enfants m’a donné toutes les cartes en main. J’ai été mis sur les bons rails, ainsi que ma situation actuelle le montre. À moi de continuer à réussir ma vie. »  

 

Un nouveau pas vers l’autonomie à Madagascar

 

 

SOS Villages dEnfants France a financé la création dune maison pour adolescents près de Fort-Dauphin. 

 

Nettoyer les cinq chambres, les vitres du salon et la cour, prendre part à la préparation des repas, gérer leur argent de poche, remplir leurs documents administratifs… les adolescents du foyer d’Ampamakiambato ne manquent pas de « choses à faire » pour prendre soin de leur lieu de vie et gérer leur quotidien. Tant mieux, puisqu’ils sont là pour apprendre à être autonomes ! 

 

Ouvert en mai, ce foyer proche du village SOS de Fort-Dauphin a été entièrement financé par SOS Villages d’Enfants France. « Il remplace une maison que notre association louait à la ville depuis 2022, précise Fifaliana Rakotoarisoa Ny, responsable parrainage et donation à Fort-Dauphin. Celle-ci nous coûtait cher et n’offrait pas le même niveau de confort aux jeunes. » 

 

Avant de rejoindre ce foyer, tous les adolescents vivaient au village d’enfants de Fort-Dauphin. Cette maison partagée est un « sas » avant l’autonomie, et les jeunes y sont accueillis en fonction de leur besoin d’insertion sociale et de leur projet professionnel. Elle leur permet de préparer leur entrée dans l’âge adulte dans un cadre encore sécurisé, où ils peuvent expérimenter l’indépendance afin que leur sortie des structures de SOS Villages d’Enfants se fasse dans les meilleures conditions. Un tonton et une tatie, autrement dit un éducateur et une maîtresse de maison, les accompagnent dans cette acquisition de l’autonomie. « Ils les soutiennent au quotidien et s’assurent qu’ils ne rencontrent pas de problèmes, que la scolarité est bien suivie et aussi que les horaires de sortie autorisés sont respectés… », explique Fifaliana Rakotoarisoa Ny. Les jeunes sont guidés dans leur choix d’orientation professionnelle à travers des activités de « développement de talents » comme le sport, la cuisine ou la construction d’un poulailler. 

 

« Je vis dans le nouveau foyer pour garçons depuis mai, raconte Dama, 18 ans, actuellement au lycée, un livre de classe entre les mains. Depuis que je suis ici, je suis plus autonome. Peu à peu, je fais ce qui doit être fait sans qu’on doive me le demander. » Cela peut paraître simple, mais effectuer ces petites tâches du quotidien permet de préparer les jeunes sans protection parentale que nous accueillons à devenir des adultes pleinement insérés socialement et professionnellement. « Chaque année, le nombre de jeunes nécessitant ce type de soutien augmente, mais la capacité d’accueil du bâtiment est actuellement limitée à 14 garçons », ajoute Fifaliana Rakotoarisoa Ny. 

 

« Le foyer n’est qu’une étape, souligne Dama. Après avoir obtenu mon baccalauréat, je partirai dans un logement intermédiaire. Je vivrai alors seul, mais toujours avec le soutien de SOS Villages d’Enfants, et continuerai mes études pour atteindre mon objectif : devenir infirmier. Je veux dire un grand merci à SOS Villages d’Enfants France de nous avoir offert une maison de cette qualité ! »  

Réparer les déchirures du monde interne

 

Pour les enfants accompagnés en villages denfants SOS, lentrée dans la vie est souvent émaillée de traumatismes liés aux situations de délaissement, de carences affectives ou de maltraitances quils ont vécues. Ces traumatismes, sils ne sont pas identifiés précocement, pèseront lourdement sur leur développement et leur épanouissement. Inspirée par les travaux de Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et écrivain français, SOS Villages dEnfants met tout en œuvre pour les amener sur le chemin de la résilience. 

 

« Enfant, au fond de moi, j’avais toujours peur : peur des autres, peur de l’école, une peur à en passer mes nuits à vomir. J’avais aussi peur d’avoir peur, car ce que je ressentais alors était terrible ! » 

 

Adeline, 22 ans, a vécu au sein d’un village d’enfants SOS de ses 10 ans à ses 19 ans. Elle n’a pas de souvenir de maltraitances physiques, mais elle n’exclut pas d’avoir refoulé certains faits survenus avant son accueil au village. Elle a bénéficié d’un suivi psychologique étroit dès son arrivée et son chemin vers le mieux-être a été long. « Je n’étais pas une enfant agréable et facile à vivre pour ma mère SOS se souvient-elle. Je pouvais être terriblement colérique et refusais absolument toute forme d’autorité. C’était très compliqué pour moi d’admettre que j’avais besoin d’aide. » Adeline se décrit comme une enfant très renfermée, dans sa bulle, mais capable d’« exploser » à la moindre contrainte.  

 

Avec l’accompagnement du village, elle a pu surmonter ses problèmes relationnels et réaliser un véritable parcours de résilience. La résilience, selon Boris Cyrulnik, est l’aptitude à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques. Il insiste sur le fait que l’individu ne peut rien seul et qu’on ne peut devenir soi-même que par les relations aux autres. Aujourd’hui, trois ans après sa sortie du village d’enfants SOS, Adeline vient de terminer sa formation d’auxiliaire de puériculture pour travailler en maternité. « Même si je me sens mieux, il est bien possible que je redemande l’aide d’un psychologue dans les années à venir. »  Une étape que Boris Cyrulnik décrit comme « se remettre à vivre après un traumatisme ».  

 

 

L’enfant face aux traumatismes

 

Ce qu’a manifesté Adeline lors de ses premières années au village est la conséquence d’une forme de traumatisme que l’on peut retrouver chez beaucoup d’enfants que nous accompagnons. Selon Boris Cyrulnik, « un traumatisme, c’est une déchirure psychique causée par un choc étranger qui est venu bouleverser le monde intime. C’est une déchirure du monde interne ». Sous le terme « traumatisme », on retrouve donc l’ensemble des troubles psychologiques et comportementaux qui surviennent après des situations traumatiques particulièrement éprouvantes. « Pour les enfants confiés à SOS Villages d’Enfants par l’aide sociale à l’enfance, il faut avoir en tête qu’ils ont parfois subi une cascade continue de traumatismes et en ont acquis une forme de vulnérabilité. Ils ont alors des difficultés à être sécurisés dans leur attachement », précise-t-il. « À partir du moment où un enfant a été éloigné de ses parents par une décision de justice, il vit un traumatisme. Ceux qui devaient le protéger ont été défaillants, maltraitants. Comment pourrait-il en être autrement ? », explique Virginie Lelong, psychologue du village d’enfants SOS de Neuville-Saint-Rémy.  

 

On sait aujourd’hui que ces stress hors norme constituent une forme d’attaque du cerveau. Boris Cyrulnik ajoute que c’est particulièrement marqué chez les enfants qui ont subi des traumatismes pendant les années de vie préverbale, autrement dit avant l’apparition de la parole. Dans cette logique, il convient d’apporter une attention particulière à la question des signes de souffrance psychique chez les tout-petits accueillis dans nos villages d’enfants SOS. Comme le neuropsychiatre l’explique : « Les   avancées scientifiques nous permettent d’avoir l’imagerie des dysfonctions cérébrales d’enfants traumatisés. Ces dysfonctions rendent impossible le contrôle de ses émotions. Ces enfants sont prisonniers de leur traumatisme et de leur passé, en boucle sur leur malheur. »  

 

Des « malheurs » dont les manifestations prennent des formes diverses que l’on peut parfois observer chez les enfants que nous accueillons : troubles de l’apprentissage, du sommeil, de la relation à l’autre, énurésie, cauchemars, colère, mauvaise estime de soi… 

 

Le rôle central des mères SOS

 

Dans les villages d’enfants SOS, les éducateurs familiaux sont souvent les premiers à recueillir l’expression de ces traumatismes. Rosie Gaillard, mère SOS au village de Plaisir (Yvelines) depuis 13 ans, souligne à quel point il est parfois complexe de savoir ce qui relève de problèmes psychologiques ou de comportements ordinaires de la part d’un enfant. « Colère, frustration, refus… tout enfant fait cela et c’est normal. C’est même très sain dans le cadre de son développement », remarque-t-elle. Les manifestations du mal-être de ces enfants sont donc très variables et ne sont pas nécessairement de la violence physique. Il peut s’agir d’attitudes de repli, voire de dépression. La mère SOS se souvient de ceux qu’elle appelle les « enfants lisses », ceux qui, dit-elle, « ne manifestent rien, sont recroquevillés sur eux-mêmes, semblent ne pas comprendre ce qu’on leur dit ». 

 

Cependant, la manifestation de mal-être qu’elle a le plus souvent rencontrée prend la forme d’une hyperactivité. « Comme si ces petits voulaient me montrer en permanence qu’ils existent, que je ne dois pas les oublier. » Rosie Gaillard évoque une petite fille qui faisait de terribles crises de colère hystérique chaque fois qu’elle devait l’accompagner pour aller chercher ses deux grandes sœurs à la sortie de l’école.  

 

Son début de vie avait été compliqué. « Elle avait d’abord vécu en fusion avec sa mère dans un centre maternel, puis avait rejoint le village SOS où vivaient déjà ses sœurs. Peu après, leur maman avait eu un autre enfant. Or, cette mère venait voir les grandes au village, mais refusait de rencontrer la petite. » Une autre des enfants qu’a accueillis Rosie Gaillard ne pouvait s’empêcher d’amasser compulsivement tout ce qu’elle pouvait. « Cette fillette de 6 ans déposait le tout sur des étagères, dans sa chambre, et il me fallait argumenter pendant des semaines pour réussir à en jeter une partie. » Un comportement dont l’enfant ne se débarrassera qu’à ses 16 ans ! Rosie Gaillard témoigne enfin « du pas de côté » nécessaire dans ses accompagnements au quotidien. « Je suis quelqu’un d’assez tonique, je devais prendre du recul. Pour cela, j’allais chercher dans ma propre enfance ce qui me faisait peur. Les enfants ont un énorme travail à faire sur eux-mêmes, mais dans une moindre mesure, les accueillants aussi ! » 

 

Le rôle des psychologues

 

Aider les enfants à surmonter leur traumatisme, c’est un enjeu central dans l’accompagnement proposé dans les villages d’enfants SOS. Au quotidien, c’est notamment le travail des psychologues. Leur objectif est de permettre aux enfants ou aux adolescents de mettre des mots sur la dimension traumatisante des expériences qu’ils ont vécues, en les aidant à gérer les émotions associées à ces épisodes et à faire évoluer ainsi le sentiment de culpabilité souvent puissant. « On ne transforme pas le réel, mais la représentation et le souvenir de ce réel, explique Boris Cyrulnik. Les psychologues, mais aussi les proches, les éducateurs… sont là pour donner du sens au fracas… » Virginie Lelong indique que, dans bien des cas, ces enfants sont « envahis » par leur situation et leur passé, et ont du mal à exprimer la colère, la joie, la tristesse sous des formes ou des intensités que l’on considère comme adaptées à la vie en société. « Un enfant qui dit “je t’aime” à tout bout de champ, y compris à des personnes qu’il connaît à peine, c’est tout aussi préoccupant qu’un enfant agressif avec tout le monde. » La psychologue insiste aussi sur les troubles peu démonstratifs. « Les enfants qui cherchent à être invisibles, qui ne manifestent rien, même lorsqu’ils ne vont pas bien, ou qui disent aller parfaitement bien s’ils vont très mal, nous préoccupent tout autant.» Son expérience en libéral et en villages d’enfants l’amène à souligner que les traumatismes des enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance ne sont pas différents de ceux des autres jeunes patients qu’elle reçoit en consultation. « On peut cependant noter que les enfants confiés connaissent un amalgame de causes de traumatismes, puisqu’à la maltraitance s’ajoutent la séparation et, souvent, plusieurs changements de lieu de vie. Et puis les droits de visite des parents viennent aussi parfois mettre à mal le travail de résilience qu’ils sont en train de faire. » Elle ajoute que pour bien prendre en charge un trauma, il est indispensable de s’intéresser à l’enfant dans sa globalité, autrement dit de connaître son histoire, mais aussi de savoir ce qui relève d’abord du médical (l’énurésie, par exemple), de l’éducatif ou d’autres éléments qui n’ont rien à voir avec le placement lui-même : une frustration scolaire, une jalousie, un chagrin d’amour… 

 

« Lorsque le trauma est identifié et établi, il existe différentes méthodes psychothérapeutiques de prise en charge de ces traumatismes », assure la psychologue de Neuville-Saint-Rémy. Ainsi Virginie Lelong utilise sans dogmatisme un panel de méthodes telles que l’Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR) et la thérapie non directive par le jeu. L’EMDR est une désensibilisation qui s’appuie sur des mouvements oculaires. Cette thérapie repose sur le principe de fonctionnement du sommeil. Pendant celui-ci, le cerveau traite les informations de la journée, ce qui se manifeste par de forts mouvements des yeux durant certaines phases. « L’EMDR peut aider à ranger les sentiments dans les bonnes cases du cerveau », synthétise la psychologue. Pour la thérapie non directive par le jeu, c’est cette fois l’enfant qui va amener ses sujets de préoccupation, conscients ou non, à la psychologue, en jouant devant elle. Pendant qu’il joue, Virginie Lelong « raconte », met des mots sur chaque action et chaque émotion de l’enfant. C’est une manière de l’aider à canaliser ses émotions, à prendre conscience de ses faiblesses, de ses peurs… « J’ai le souvenir d’une fillette de 8 ans qui présentait plusieurs désordres : hypervigilance au moindre bruit, cauchemars, émotions manifestées pas adaptées aux situations rencontrées… Avec une maison de poupée, elle rejouait des scènes traumatiques de sa mère tombant dans les escaliers. Mon rôle était alors d’amplifier ce qu’elle pouvait ressentir : « Oh, c’est terrible ! Cela fait si peur ! » pour lui montrer que ce qu’elle ressentait était normal. » 

 

L’appui de toute une équipe

 

Sur ce long chemin vers le mieux-être, l’ensemble des professionnels des villages d’enfants SOS a un rôle à jouer. C’est l’objet de la mission qui a été confiée à Chérifa Chambazi, ancienne directrice du village d’enfants SOS de Marseille. Aujourd’hui directrice de projet, elle met en place un programme qui vise à sensibiliser les nouveaux salariés de SOS Villages d’Enfants pour leur donner des clés d’observation et de sécurisation de l’enfant lorsqu’ils sont face à des situations complexes. Il s’agit de développer une véritable culture sensible au traumatisme. 

 

« Devant certains agissements d’enfants, il arrive que des mères ou des pères SOS en viennent à remettre en cause leur professionnalisme à tort. Le programme de formation que nous mettons en place va les aider à prendre du recul, mais aussi à regarder leurs difficultés autrement. Nous encourageons, par exemple, tout le monde à voir ces enfants comme des enfants en détresse et non comme des enfants à problème.  

 

Ce petit changement de regard et de vocabulaire laisse comprendre qu’il y a des solutions. » Plusieurs professionnels ont récemment suivi une formation qui leur a donné les clés pour identifier ce qui relève des troubles « extra » ordinaires et apprendre à les apaiser. Par des ateliers et des jeux de rôle, ils ont mieux compris ce que ressent l’enfant et comment cela impacte son comportement. « Pour les éducateurs, la finalité était d’apprendre à réagir pour ne pas venir nourrir le traumatisme, pour ne pas tomber dans l’excès d’autorité ou d’apitoiement… » Trouver la bonne réponse est un travail de funambule. Ces professionnels deviendront dès l’an prochain des tuteurs-formateurs et formeront à leur tour les professionnels de chaque village d’enfants. L’association veillera à ce que ce partage de connaissance se poursuive au sein de chacun d’eux pour qu’à terme, tous les professionnels, qu’ils fassent partie de l’équipe éducative ou non, soient sensibilisés à la question des traumatismes. 

 

Renforcer les partenariats autour du traumatisme et faire face aux déserts médicaux constitue par ailleurs un défi majeur pour le déploiement de cette démarche. Par exemple, « Marseille est une grande ville, bien pourvue en professionnels spécialisés, mais où il n’est pourtant pas rare de devoir attendre six mois avant d’obtenir une prise en charge par un centre médico-psychologique pour un enfant », regrette Chérifa Chambazi. Pour cela, SOS Villages d’Enfants travaille à identifier les professionnels de soin susceptibles d’apporter un soutien à chaque village et à établir des conventions de collaboration. 

 

Enfin, plus largement, c’est d’une approche globale dont les enfants et les adolescents ont besoin. « Il est essentiel que l’on aide ces enfants à leur rythme, par le dessin, la musique, le jardinage, le sport ou le théâtre… toutes ces activités qui font penser à autre chose et qui sont en relation à l’autre », indique Boris Cyrulnik. « À ce moment-là, on voit que les enfants donnent sens au malheur qui leur est arrivé. Alors, on voit des reprises évolutives parfois très rapides, parfois spectaculaires, ce qui définit la résilience », conclut-il.  

 

SOS Villages d’Enfants continue donc d’actionner plusieurs leviers et de développer un panel diversifié d’interventions, comme notre programme d’épanouissement par le sport (PEPS) et les activités tournées vers la médiation corporelle et le bien-être : l’art thérapie, l’équithérapie, la sophrologie. Pour cela, la formation de nos professionnels sur des thématiques ciblées est enrichie en continu. 

 

Laissons le mot de la fin à Boris Cyrulnik: « Soutien » et « sens » sont les deux mots clés pour permettre aux enfants d’ajouter au souvenir de ce qu’ils ont vécu, la mémoire de ce qu’ils ont compris. ». Un engagement essentiel pour offrir aux enfants que nous accueillons un avenir plus serein et restaurer leur confiance en eux et en autrui. C’est ce à quoi œuvre chaque professionnel de SOS Villages d’Enfants au quotidien.

L’Édito d’Alexis

Je m’appelle Alexis¹, j’ai 14 ans et j’habite dans un village d’enfants SOS avec mon grand frère depuis quatre ans et demi. Une autre fratrie de trois sœurs y vit avec nous et on s’entend tous très bien. On fait régulièrement des sorties ensemble et, à la maison, on aime jouer à des jeux vidéo. Si je devais choisir mon jeu préféré, ce serait FIFA. D’ailleurs, plus tard, j’aimerais devenir créateur de jeux vidéo. Tout ce qui touche à la technologie et au graphisme, j’adore.  

 

Sinon, au village, j’apprécie beaucoup les éducateurs, avec qui je passe beaucoup de temps, et les événements qui y sont organisés. Cette année, j’ai pu participer au VESOS Trophy² en tant qu’organisateur. Le thème, c’était les Jeux olympiques et j’ai aidé à préparer les épreuves avec les enfants des autres villages SOS. Cet été, j’ai aussi fait un stage PEPS³. On est allés dans le Var faire de l’aqua-rando.  

 

Je suis en 4e cette année et ma rentrée s’est bien passée. Mes matières préférées sont le sport et le français. En dehors de l’école, je fais partie d’un club de théâtre depuis maintenant trois ans. On met en scène toutes sortes de spectacles, comme des comédies, et dans le groupe, il y a des enfants de tous âges. Ce que j’aime le plus avec le théâtre, c’est le fait de pouvoir exprimer mes émotions, préparer des spectacles et prendre la parole. Avant, j’étais très timide, mais grâce au théâtre, j’ai vraiment progressé et je parle beaucoup plus qu’avant ! 

 

 

¹Par souci de confidentialité, le prénom de l’enfant a été modifié. 

²Compétition sportive intervillages organisée une fois par an. 

³Programme d’épanouissement par le sport. 

Le droit de ne pas subir la guerre

 

Plus de 150 pays ont signé le protocole facultatif à la Convention internationale des droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, entré en vigueur le 12 février 2002. La Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant demande également aux États de garantir la protection des enfants contre les conflits armés (Article 38).  

   

En 2007, deux principes supplémentaires ont été adoptés à Cape Town (Afrique du Sud) et à Paris dans le cadre d’initiatives internationales.   

 

460 millions 

 

En 2023, 460 millions d’enfants vivaient dans une zone de conflit et au moins 43 millions étaient en situation de déplacement forcé.  

 

Massacres, mutilations, enlèvements, violences sexuelles, recrutements dans des groupes armés et frappes visant les écoles, les hôpitaux et les installations essentielles de distribution d’eau : les enfants vivant dans des zones de conflit continuent de subir des attaques d’une ampleur terrifiante.   

 

L’action de SOS Villages d’Enfants 

 

Depuis l’année 2022 et le début de l’invasion russe en Ukraine, SOS Villages d’Enfants apporte son soutien à son association sœur dans le pays afin de répondre au besoin urgent de protection de 7.5 millions d’enfants et de leurs familles.  

 

Afin de les protéger des horreurs de la guerre, l’association travaille sans relâche avec le financement d’actions et de programmes en soutien à la population ukrainienne comme :   

  • L’évacuation, en toute sécurité, des familles d’accueil bénéficiant du soutien de SOS Villages d’Enfants Ukraine vers des régions sûres en Ukraine et en Pologne;  
  • La fourniture de services essentiels (nourriture, hygiène, vêtements…) et d’abris;  
  • Une transition des actions humanitaires vers le développement de la durabilité et de la résilience;  
  • Une mise en place de programmes de développement de soins alternatifs;  
  • Un accompagnement psycho-social, axé sur la prise en charge des traumatismes liés aux situations de conflits, des enfants, de leurs parents et du personnel de SOS Villages d’Enfants Ukraine.  

Le droit de ne pas travailler

©Claire Ladavicius

 

La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) reconnait le droit de l’enfant d’être protégé contre l’exploitation économique et de n’être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à sa santé ou à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social.  

 

160 millions 

 

On estime que 160 millions d’enfants dans le monde sont impliqués dans le travail, soit une augmentation de 8,4 millions d’enfants au cours des quatre dernières années.  

 

Ces enfants sont privés de leur enfance parce que contraints d’exercer un travail mettant en péril leur potentiel et de leur dignité, et nuisant à leur scolarité, santé, développement physique et mental.  

 

Si la grande majorité des enfants travaille dans le secteur agricole, les pires formes de travail des enfants comprennent l’utilisation d’enfants comme esclaves, la prostitution, la vente de drogues, le crime ou l’enrôlement comme soldats dans des situations de conflit ou pour d’autres travaux dangereux.   

 

Le travail des enfants est essentiellement conduit par la pauvreté des familles et des communautés mais il est aussi le produit d’autres facteurs : les normes sociales qui le tolèrent, le manque d’emplois décents, la migration et les situations d’urgence. Il est également une conséquence des inégalités sociales renforcées par les discriminations.  

 

L’action de SOS Villages d’Enfants 

 

Le travail des enfants découle souvent d’un cercle vicieux. Lorsque les parents travaillent dans des conditions d’exploitation, ils ne peuvent généralement pas s’acquitter de leurs devoirs parentaux. Les enfants et les jeunes qui ne reçoivent pas de formation restent prisonniers à long terme de conditions de travail abusives.  

 

Face à ce constat, SOS Villages d’Enfants agit dans le monde à plusieurs niveaux à travers ses programmes :  

  • Les programmes de renforcement des familles apportent un soutien individuel, ciblé, à long terme et global aux familles et fournissent ainsi une aide préventive.  
  • Les microcrédits et les formations permettent aux parents d’échapper à des conditions de travail précaires et dangereuses. Ils peuvent créer leur propre petite entreprise.  
  • Les parents sont soutenus dans les situations de crise afin qu’ils puissent bien s’occuper de leurs enfants et qu’ils sachent où trouver de l’aide.  
  • Les conditions de vie et d’éducation dans les familles sont améliorées à long terme, de sorte que les enfants puissent « être des enfants ».  
  • Les enfants, les adolescents et les jeunes majeurs sont soutenus en cas de difficultés dans leur développement et leur vie quotidienne et sont accompagnés sur le chemin de l’autonomie.  

 

Par exemple en Côte d’Ivoire, où de nombreuses jeunes filles issues de familles vulnérables travaillent comme porteuses sur les marchés, l’association a mis en place le projet Tantie Bagage. A travers un soutien scolaire et pour leur formation, ces jeunes sont accompagnées pour acquérir de nouvelles compétences et réaliser leur plein potentiel.