Nous sommes tous d’accord avec cette affirmation, mais que signifie-t-elle exactement ?
En quoi est-elle liée à ce que fait concrètement SOS Villages d’Enfants ?
Qu’est-ce qu’un enfant qui est « seul » ?
Partout dans le monde, trop d’enfants sont seuls. Ce sont les conclusions de nos propres recherches. Certains enfants sont abandonnés par un de leurs parents, voire par les deux, certains autres sont rejetés par leur communauté et d’autres encore sont délaissés par l’État. Lorsque les droits d’un enfant ne sont pas respectés et que ses besoins ne sont pas comblés, alors cet enfant est seul.
Pour SOS Villages d’Enfants, les enfants ayant perdu leur prise en charge parentale sont ceux qui ne vivent avec aucun de leurs parents biologiques[1] car ceux-ci ne veulent ou ne peuvent pas prendre correctement soin d’eux. Un enfant risquant de perdre sa prise en charge parentale vit quant à lui dans un environnement dans lequel le risque ou la probabilité qu’une des situations décrites ci-dessus survienne est élevé.
SOS Villages d’Enfants se concentre sur les enfants du groupe cible qui vivent dans des situations d’extrême vulnérabilité. Dans ce contexte, l’extrême vulnérabilité désigne un environnement instable ou dans lequel la sécurité des enfants est compromise, et qui ne leur permet pas de bénéficier d’une protection et d’une prise en charge adaptées.
Lorsque nous parlons de notre groupe cible, nous faisons tout particulièrement référence aux enfants extrêmement vulnérables pour lesquels un environnement familial constitue la meilleure solution. Il est possible que ces enfants et ces jeunes vivent dans un environnement familial mais risquent de le perdre ; il se peut également qu’ils en soient d’ores et déjà privés, et qu’ils en aient besoin. Sur la base d’hypothèses prudentes que nous avons élaborées, un enfant sur dix (sur les 2,2 milliards d’enfants dans le monde) appartient à notre groupe cible.
Plus d’un tiers des enfants accueillis dans une famille SOS possèdent encore au moins l’un de leurs parents, mais ces derniers ne sont pas en mesure de prendre soin d’eux pour différentes raisons qui les rendent vulnérables (problèmes personnels, lacunes en matière de compétences parentales de base, entre autres).
Ce phénomène ne touche pas uniquement les petits enfants. Pour les jeunes aussi, être seul est difficile, alors qu’ils se préparent à quitter leur prise en charge parentale. Pour nombre d’entre eux, la transition est une route longue et semée d’embûches qu’ils ne devraient pas avoir à parcourir seuls.
Ainsi, lorsque nous disons qu’aucun enfant ne devrait grandir seul, nous parlons de bien davantage qu’une simple présence physique. Ce que nous affirmons, c’est que chaque enfant et chaque jeune a besoin de grandir au sein d’un environnement familial chaleureux et d’une communauté qui l’accompagnera dans la recherche de son intérêt supérieur et dans la réalisation de son plein potentiel.
Et un enfant qui n’est « pas seul », alors ?
S’assurer qu’aucun enfant ne devra grandir seul se trouve au cœur de nombreuses de nos actions.
Partout dans le monde, nous agissons directement pour protéger les enfants, renforcer les communautés et soutenir les familles qui éprouvent des difficultés à prendre soin de leurs enfants. Comme le dit un proverbe africain, « il faut tout un village pour élever un enfant ». Le village, ou le concept de village, est diamétralement opposé à la situation d’un enfant seul.
Les enfants ont besoin qu’on les écoute. Ils ont besoin d’une famille, d’une communauté et d’amis qui les soutiennent. Ils ont besoin de se sentir liés aux autres.
Bien que la situation de chaque enfant soit unique, notre expérience nous a montré que tous les enfants ont besoin de relations solides et durables, lesquelles trouvent le terreau le plus fertile dans un environnement familial chaleureux où l’implication et l’attention individuelle de la personne responsable d’eux jouent un rôle essentiel.
Dans le cadre de nos efforts visant à renforcer les familles vulnérables et à en prévenir la rupture, nous apportons un soutien pratique (portant par exemple sur l’accès aux besoins fondamentaux, le conseil et la formation quant à la prise en charge des enfants ou encore le renforcement des réseaux de soutien communautaire) de sorte à ce qu’elles ne soient pas seules face à leurs problèmes mais reçoivent au contraire l’appui et l’orientation dont elles ont besoin pour prendre soin de leurs enfants et devenir autonomes.
Dans nos familles SOS ainsi que dans les familles d’accueil que nous soutenons, nous donnons à chacun des enfants ce dont il a besoin individuellement. Lorsque nous formons les personnes responsables des enfants, nous leur enseignons comment apprendre à les connaître véritablement, à les écouter et à travailler avec eux afin de leur apporter les outils grâce auxquels ils se développeront à tous les niveaux, tout au long de leur enfance. Nous accompagnons ainsi ces enfants jusqu’au seuil de l’âge adulte, alors qu’ils sont en passe de devenir autonomes.
Certains enfants, réfugiés ou déplacés, ont été séparés de leurs familles. Nous soutenons ces enfants non accompagnés et séparés et les aidons à localiser leurs familles ou à trouver une place au sein d’une nouvelle communauté, de manière à ce qu’ils ne soient plus seuls.
Nous donnons la parole aux enfants et aux jeunes pour qu’ils s’adressent directement aux gouvernements et aux organisations internationales. Nous plaidons en faveur de la protection des enfants et de leurs droits et insistons auprès des gouvernements pour qu’ils satisfassent à leurs obligations en la matière, telles que prévues par la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant.
Un impact visible et durable sur la vie de chaque enfant
Notre approche est unique.
Nous mettons l’accent sur le développement à long terme de chaque enfant et de chaque jeune (prise en charge, éducation et santé) afin qu’il puisse faire face aux défis qu’il rencontrera tout au long de sa vie.
Lorsqu’un enfant ou un jeune qui était seul reçoit la protection et le soutien dont il a besoin et auquel il a droit, alors il n’est plus seul, et la différence est notable dans ses yeux, son sourire, ses activités, son niveau de résilience et son développement global.
Des évaluations de l’impact ont montré que près de 80 % des anciens participants aux programmes SOS sont sur la bonne voie dans un grand nombre d’aspects comme la sécurité alimentaire, la santé physique, l’éducation et les compétences, les revenus, l’inclusion sociale ou encore le bien-être social et affectif.
Encore plus important, la majorité des anciens participants aux programmes SOS eux-mêmes devenus parents honorent leurs obligations parentales auprès de leurs propres enfants, créant une dynamique positive dont l’impact sur les générations futures et sur la société est considérable.
Les communautés ayant des programmes SOS opérationnels sont plus sensibles aux droits, aux besoins et à la protection des enfants ainsi qu’à l’importance d’une prise en charge de remplacement de qualité, et montrent des progrès en matière de durabilité et de résilience.
[1] Les Lignes directrices des Nations unies relatives à la protection de remplacement pour les enfants considèrent qu’un enfant a perdu sa prise en charge parentale lorsqu’il se trouve privé de la protection d’au moins l’un de ses parents. SOS Villages d’Enfants fait quant à elle la distinction entre les enfants qui vivent toujours avec l’un de leurs parents, et ceux qui ne bénéficient plus d’aucune protection parentale. Cette définition s’aligne avec l’article de MARTIN, Florence et Garazi ZULAIKA, Who Cares for Children? A Descriptive Study of Care-Related Data Available Through Global Household Surveys and How These Could Be Better Mined to Inform Policies and Services to Strengthen Family Care, Better Care Network, 2016.