Urgence  : les réponses de SOS Villages d’Enfants - SOS Villages d'Enfants

Urgence  : les réponses de SOS Villages d’Enfants

Conflits, tremblements de terre, incendies, inondations, troubles politiques… traversent le monde. Beaucoup de territoires dans lesquels SOS Villages d’Enfants est présente sont affectés par ces crises. Dans ces contextes dramatiques, les équipes de SOS Villages d’Enfants mettent tout en œuvre pour poursuivre leur mission. La solidarité internationale se révèle alors d’une immense aide. Celle-ci passe d’abord par un indispensable soutien financier que complètent, ensuite, des programmes spécifiques. En cas d’urgence, comme en ce moment en Ukraine, SOS Villages d’Enfants se mobilise sans délai, mais en pensant toujours son accompagnement à moyen ou long terme pour aider à reconstruire les dispositifs de protection des enfants.

 

 

« Je veux que tout le monde sache que ce qui se passe ici, en Ukraine, en Europe, c’est l’enfer de l’enfer”, souffle Darya Kasyanova. Darya est la directrice de SOS Villages d’Enfants Ukraine depuis cinq ans et demi. Maman de deux filles âgées de 19 et 3 ans, elle a dû fuir sa maison d’Irpin pour échapper aux combats. “Dans les villes bloquées, explique-t-elle, on risque de mourir non seulement des balles, mais aussi de faim ou du gel. Les gens se cachent dans des sous-sols froids. Il y a des centaines d’enfants, beaucoup de bébés que leur mère n’arrive plus à allaiter. Au sous-sol où je me trouvais, nous avions de l’eau et du pain. Maintenant, vous ne pouvez plus rien acheter, il n’y a plus d’électricité ni de carburant pour faire fonctionner les générateurs…” Darya a pu se réfugier dans l’ouest du pays, mais ne veut pas quitter son pays. D’abord, parce que son mari n’en a pas le droit, mais aussi parce qu’elle veut poursuivre son travail pour SOS Villages d’Enfants. “Je ferai tout mon possible”, lance-t-elle avec force.

 

 

Un credo qui ne surprend pas Matthieu de Bénazé, directeur des programmes internationaux chez SOS Villages d’Enfants France. “En cas de crise, qu’elle soit de nature écologique, économique ou conflictuelle, notre objectif est toujours le même : continuer autant que possible nos missions de protection des enfants, de soutien aux familles et d’instruction dans les écoles que nous gérons.” François-Xavier Deler, directeur du développement et de la communication à SOS Villages d’Enfants France, complète : “Nous restons, en effet, fidèles à ce que nous leur devons. Évidemment, la première urgence est de répondre aux besoins vitaux : nourrir les enfants, les soigner, les mettre à l’abri d’un danger physique… C’est le cas en ce moment en Ukraine, mais nous ne perdons jamais de vue que, dès que possible, nous tenterons de reprendre les tâches qui nous ont été confiées.”

 

La survenue d’une catastrophe est toujours un moment de tensions. Pour mieux l’appréhender, SOS Villages d’Enfants a créé un programme de “préparation à l’urgence”. “Celui-ci est dispensé dans les pays qui sont les plus susceptibles de connaître ce type de risques, comme le Sahel, Madagascar ou Haïti”, explique Matthieu de Bénazé. SOS Villages d’Enfants France a soutenu financièrement ce programme qui compte une dimension organisationnelle : savoir qui sera responsable de telles ou telles actions permet de gagner un temps précieux. Le programme anticipe aussi les cas où les enfants et les personnels d’un village d’enfants SOS devraient rester confinés quelque temps. “Rester sur place, complète le directeur, suppose d’avoir suffisamment de ressources en eau, vivres, des groupes électrogènes, ou encore de savoir prodiguer des soins de premiers secours…”

 

 

Dans les situations extrêmes, l’ONU ouvre généralement ce qu’elle nomme un “cluster”. Celui-ci permet aux différentes ONG de savoir qui fait quoi, où, quand et pour qui. SOS Villages d’Enfants en est, évidemment, partie prenante et apporte son expertise à chaque fois qu’elle peut être utile, notamment en matière de protection de l’enfance. Bien sûr, SOS Villages d’Enfants n’est pas une organisation habituée à travailler sous les bombes ou les gravats. Pour autant, elle est loin d’être démunie en pareils cas. D’abord, parce que les associations nationales font preuve d’un ancrage local solide et ancien. “Nous ne sommes pas des urgentistes, ce qui, paradoxalement, contribue à faire de nous des acteurs efficaces sur le terrain de l’urgence, explique François-Xavier Deler. En effet, par notre implantation de longue date, nous avons une bonne connaissance des ressources et des autorités locales, de la géographie du pays… Nos salariés, tous nationaux, parlent la langue, connaissent la culture et les rouages nationaux et régionaux. Ce sont de vrais atouts que ne possèdent pas toutes les ONG dont les secouristes arrivent souvent depuis des pays étrangers.”

 

 

C’est le cas en Ukraine où SOS Villages d’Enfants est présente depuis 2003, à travers des programmes d’aide aux familles, des villages d’enfants SOS, d’un centre social, d’une antenne d’information sur le VIH… Avec l’aide de son réseau de partenaires locaux, l’association a réussi à évacuer très vite les enfants et les parents SOS de ses villages SOS menacés par les bombes, mais aussi d’autres mineurs isolés ou suivis dans le cadre des programmes d’aide aux familles. Au 23 mars, 351 enfants avaient rejoint des villages SOS, notamment en Pologne, Autriche, Roumanie, République tchèque… L’association ukrainienne a aussi maintenu ses activités en direction des familles restées dans leurs maisons, car situées dans des zones moins exposées aux combats. Darya Kasyanova ajoute qu’elle consacre beaucoup de temps à soutenir son personnel. “Nous devons les aider à se stabiliser émotionnellement. Ils ont besoin d’un soutien psychologique pour pouvoir continuer à travailler, sinon, nous les perdrons.” Matthieu de Bénazé salue l’engagement de ses collègues ukrainiens. “Ils risquent leur vie en continuant à travailler. C’est une situation que nous n’avions jamais connue à cette ampleur.”

 

LA PART DE LA FRANCE

SOS Villages d’Enfants France est, bien sûr, solidaire de toutes les crises qui ont touché ses associations sœurs. Elle a été particulièrement active auprès de SOS Villages d’Enfants Haïti et Arménie, avec lesquelles elle a des liens historiques forts (voir pages suivantes). “Une partie des pays que SOS Villages d’Enfants France soutient de longue date sont des pays qui étaient dans des situations de pauvreté, de fragilité et qui ont ensuite basculé dans des situations de crise, explique Matthieu de Bénazé. C’est le cas à Haïti, qui a connu un énorme séisme en août dernier, mais aussi l’assassinat de son président de la République, et qui est en proie à un fort banditisme. C’est vrai aussi dans le Sahel, qui subit de plus en plus d’actes de terrorisme, faisant fuir des millions de personnes de leur habitation d’origine. En Arménie, notre soutien s’est encore renforcé lors du conflit dans le Haut-Karabakh, fin 2021, celui-ci ayant provoqué le déplacement d’environ 110 000 personnes.”

 

Même si SOS Villages d’Enfants France et l’antenne ukrainienne n’ont jamais eu de liens forts, l’ampleur des besoins actuels est telle que la France prend toute sa part à son indispensable soutien. Lors des situations d’urgence comme celle que connaît l’Ukraine, la fédération internationale SOS Villages d’Enfants apporte son expertise au pays concerné, l’aide à mettre en place le diagnostic et le projet. À l’exception de responsables de la fédération internationale, SOS Villages d’Enfants n’envoie pas de personnel dans les pays en crise(1). “Le premier levier pour aider les enfants et les familles touchés par une catastrophe, c’est d’abord les dons financiers”, explique François-Xavier Deler. SOS Villages d’Enfants France dispose d’ailleurs d’un fonds d’urgence mobilisable sans délai pour venir en aide aux structures étrangères dans le besoin. Mais, forte de son expérience, l’association sait que ce soutien devra s’inscrire dans la durée pour être réellement efficace. Concernant l’Ukraine, la fédération table sur la générosité de ses donateurs pour pouvoir venir en aide à 500 000 enfants pendant rien moins que dix ans !

 

Dans un calendrier bien plus proche, SOS Villages d’Enfants France prévoit directement de soutenir une quinzaine de familles réfugiées sur notre territoire. “Pour celles-ci, explique Matthieu de Bénazé, nous allons adapter notre Programme de Renforcement des Familles qui est mis en place dans le nord de la France.” Rappelons que ce programme vise à renforcer les capacités éducatives de parents en difficulté et, ainsi, à éviter le placement des enfants. “Avec les bailleurs sociaux, poursuit Matthieu de Bénazé, notre rôle sera d’aider ces familles dans leurs relations avec les services de l’État et les services sociaux, mais surtout de les aider à se reconstruire. Pour les enfants, cela passera par un retour à l’école et la participation à des activités sociales et culturelles individuelles et collectives dans nos villages d’enfants SOS, ainsi que par la prise en charge psychologique suite au traumatisme que les enfants subissent.”

 

Des villages SOS qui pourraient aussi accueillir des enfants ukrainiens séparés de leurs familles ou sans famille. “Nous saurons trouver de la place et nous saurons nous adapter”, rassure le directeur des programmes internationaux. L’association française construit cet accueil d’urgence en pensant à long terme. “Tous les Ukrainiens avec lesquels nous échangeons nous le rappellent : ces enfants sont les forces vives de l’Ukraine, souligne François-Xavier Deler. Il faut, avant tout, sauver leurs vies, bien sûr, mais sans obérer l’avenir de l’Ukraine. Or, l’avenir du pays, ce sont ces jeunes. Des enfants qui y ont leurs racines, leurs amis, leur famille, leur langue… C’est pourquoi il faudra les aider à retourner y vivre dès que possible. Nos équipes sur place sauront alors (comme SOS Villages d’Enfants a toujours su le faire partout dans le monde) adapter l’accueil, leur soutien et leurs accompagnements pour faire face aux nouveaux besoins qui seront nés de ces événements.

 

1 Ce type de déplacement peut toutefois être organisé une fois la situation apaisée pour voir comment les programmes de reconstruction financés par le donateur sont mis en place.

AU SECOURS D’HAÏTI

Depuis le séisme du 14 août 2021, la population d’Haïti vit au rythme des répliques parfois meurtrières qui se succèdent – 20 en moyenne par semaine. Des sensibilisations aux gestes de sécurité à adopter lors d’un tremblement de terre sont régulièrement dispensées aux enfants par SOS Villages d’Enfants Haïti, car les événements de l’été dernier restent dans toutes les mémoires. La ville des Cayes, troisième du pays, fut particulièrement dévastée, ainsi qu’une grande partie des départements alentour. Le bilan est lourd : plus de 2 200 morts, 12 500 blessés et quelque 600 000 personnes à secourir. Par chance, le village d’enfants SOS a été épargné.

Au lendemain de la catastrophe, SOS Villages d’Enfants France s’est mobilisée pour venir en aide à Haïti. Grâce à ses donateurs, 50 000 € ont été collectés et un programme d’aide a pu être mis rapidement en place à destination de quelque 500 familles et plus de 2 000 enfants. Celui-ci a participé à l’aide d’urgence, d’abord : mise à l’abri des familles et d’enfants sans toit, apport de nourriture, soins… L’association haïtienne s’est aussi démenée pour trouver une solution d’hébergement aux enfants isolés. Dans un second temps, elle a pu mettre en place une aide psychologique pour aider les petits à gérer leurs angoisses, notamment par le jeu. Enfin, des comités de suivi ont été créés pour former des membres volontaires aux droits de l’enfant, mais aussi pour les mesures à prendre en cas de situations d’urgence.

SOS Villages d’Enfants Haïti gère trois villages d’enfants SOS à Cap-Haïtien, Santo et Les Cayes. SOS Villages d’Enfants France participe de longue date au financement du village SOS de Cap-Haïtien, de son école, de son centre de formation des professionnels et de son programme de renforcement des familles.

AUPRÈS DE L’ARMÉNIE

OS Villages d’Enfants France est particulièrement proche de sa consœur arménienne depuis 2012. La France a financé la création du village d’enfants SOS d’Idjevan et la rénovation intégrale de celui de Kotayk. Grâce à ses donateurs, SOS Villages d’Enfants France assure 70 % du budget de fonctionnement – soit 2 M€ annuels – de SOS Villages d’Enfants Arménie.

Lorsqu’en novembre 2020, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont signé un cessez-le-feu mettant fin à 44 jours de conflit pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh, SOS Villages d’Enfants France s’est aussitôt mobilisée pour renforcer son aide sur place, les combats ayant provoqué le déplacement d’environ 110 000 personnes. Une aide financière de 100 000 € sur ses fonds propres a été débloquée, à laquelle est venue s’ajouter une subvention de 300 000 €, octroyée par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Le programme “Soutien aux familles vulnérables et enfants non accompagnés déplacés en Arménie” a été lancé en avril 2021. Il est la suite directe de l’aide d’urgence initiée dès l’automne 2020. Il a permis de soutenir plus de 300 familles déplacées par de l’aide matérielle (nourriture, vêtements, argent…), mais aussi des soins, de l’éducation, un soutien psychologique et une aide juridique dans la province de Kotayk, la région de Lori et dans la ville d’Erevan. Par ailleurs, des Espaces Amis des Enfants ont été mis en place dans chacune des trois régions. Ils proposent des moments individuels ou collectifs pendant lesquels des activités sont organisées pour permettre aux enfants de jouer, se socialiser, apprendre, tout en reconstruisant leur vie.

 

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